Les relations publiques au service de la démocratie

Les Canadiens ont tendance à croire que la démocratie est un acquis dans ce pays, aussi inévitable que la neige en hiver. Il y a de bonnes raisons pour cela. Avec un score de 98/100, le Canada se classe au cinquième rang du classement des démocraties établi annuellement par Freedom House, un organisme voué au soutien et à la défense de la démocratie dans le monde.

Mais nous n’avons qu’à regarder au sud de la frontière pour voir ce qui se passera si nous devenons complaisants. Le score des États-Unis sur le même classement a chuté de 94 à 83 en 10 ans, le plaçant parmi les 25 pays qui ont subi les plus fortes baisses au cours de cette période. Et les conséquences des événements de ces dernières années ne sont toujours pas claires.

Ainsi, le pays qui a été le porte-étendard mondial de la liberté montre à quel point la démocratie est vraiment fragile. En effet, selon Freedom House, les pays connaissant une détérioration de leur démocratie sont plus nombreux que ceux connaissant des améliorations chaque année depuis 2006.

Des reportages crédibles dans les médias indiquent que la croissance de groupes marginaux voués à des fins antidémocratiques telles que la déstabilisation des gouvernements élus, de notre économie et de l’État canadien lui-même a été plus importante que prévu au Canada. Ces groupes prospèrent lorsque les échanges respectueux, le débat démocratique et le respect du gouvernement et de nos institutions perdent du terrain. Ils considèrent la violence et l’anarchie comme des moyens acceptables pour faire avancer leurs idées et décrivent leurs adversaires comme intrinsèquement mauvais, justifiant ainsi la limitation de leurs droits civils et politiques.

Ce processus est moins avancé au Canada qu’aux États-Unis, mais les événements récents indiquent que le Canada pourrait très bien emprunter le même chemin s’il n’est pas enrayé.

Les professionnels des relations publiques ont un rôle spécifique à jouer dans la démocratie. Parce que l’existence de débats libres reposant sur des faits est à la fois une condition préalable à l’existence de la démocratie et ne peut exister sans elle, les relations publiques professionnelles modernes sont intrinsèquement liées à la démocratie.

Les relations publiques modernes furent fondées sur des codes de conduite mettant de l’avant les valeurs de liberté d’expression, des droits de la personne, de la dignité et de la valeur de la personne humaine énoncées dans la Charte des droits de l’homme des Nations Unies et d’autres grands instruments juridiques internationaux.

Le Code d’éthique professionnelle de la SCRP stipule que nos membres doivent « s’astreindre aux plus hautes normes d’honnêteté, d’exactitude, d’intégrité, de vérité et ne doit pas diffuser des informations qu’il sait fausses ou trompeuses ».

Le Code de conduite de l’Association internationale des relations publiques précise que les praticiens des relations publiques doivent « rechercher à établir les conditions morales et intellectuelles du dialogue et reconnaître les droits des parties en présence à exposer leurs cas et exprimer leurs vues ».

Le code de déontologie de la Global Alliance for Public Relations and Communication Management énonce comme principe directeur « l’acceptation de devoirs envers l’ensemble de la société plutôt que simplement envers son employeur/organisation — nous acceptons que la balance penche en faveur de l’intérêt public plus large. »[1]

Il est donc de notre responsabilité professionnelle d’assurer une communication véritablement ouverte entre les parties, basée sur le respect, même lorsque leurs objectifs et leurs intérêts sont opposés.

La démocratie se résume vraiment à ceci : des personnes qui partagent des valeurs communes et qui accordent plus d’importance à ce qui les unit qu’à ce qui les différencie.

Au Canada, la démocratie est encore forte, mais elle est attaquée. En tant que citoyens, nous devons tous être conscients que par notre conduite personnelle, nous pouvons soit la renforcer, soit l’affaiblir.

En tant que professionnels des relations publiques, nous avons une plus grande responsabilité que le citoyen moyen envers la santé de la démocratie, nous ne devons pas la tenir pour acquise et nous devons participer au dialogue public d’une manière qui la renforce plutôt que de l’affaiblir, l’éthique faisant essentiellement la différence entre les deux.

Cam McAlpine, APR
National Board President
cam@earnscliffe.ca

Guy Versailles, PRP, ARP, FSCRP
National Board
guyversailles@videotron.ca
 
[1]  La traduction est de moi, car je n’ai pas trouvé de version française de ce code. Voici le texte original anglais : « Acceptance of duties to a broader society than merely one’s organisations/employers. We accept that the balance should tip in favor of the broader public interest. »