Les Canadiens et la désinformation

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Par David Scholz, APR
Leger

 
Plus des deux-tiers des Canadiens (72 %) croient que la désinformation menace pour notre démocratie, mine notre processus électoral (71 %) et augmente la polarisation de nos partis politiques (69 %). De plus, 76 pour cent des Canadiens affirment qu’une grande quantité de désinformation existe au sujet de la vaccination contre la COVID. Ce sont quelques résultats de notre récente étude effectuée par Leger en partenariat avec le programme de gestion de la communication de l’Université McMaster et l’Institute for Public Relations (IPR) afin de dupliquer une étude américaine de l’IPR.

La désinformation consiste en la diffusion délibérée d’information trompeuse ou biaisée. Le point important à retenir est qu’elle est délibérée et conçue pour être trompeuse ou biaisée. Il existe aussi de la mésinformation, qui est diffusée par l’émetteur sans intention malicieuse. Malheureusement, la mésinformation peut devenir de la désinformation si quelqu’un continue de la diffuser avec des intentions malicieuses. Selon les études précédentes de l’IPR, la désinformation est un problème de plus en plus sérieux aux États-Unis et notre étude démontre des statistiques inquiétantes du côté canadien.

En tant que communicateurs, cette information est importante à connaître. Savoir à qui les Canadiens font confiance ou non est une connaissance critique afin de choisir le médium adéquat pour nos communications. Mais même avec les bons choix de médias, nous perdons présentement contact avec les Canadiens. Quarante pour cent des Canadiens disent qu’en rencontrant de la désinformation, ils deviennent anxieux ou stressés et un quart de la population (28 %) évitent les médias à cause de la désinformation.

Au Canada, les cinq sources auxquelles nous faisons le plus confiance sont les amis, la famille, les nouvelles locales, les « gens comme moi » et la CBC. Les cinq sources auxquelles nous accordons le moins de confiance sont les gouvernements russe et chinois, les célébrités, Facebook et TikTok. Les Canadiens croient que la plus grande part de la désinformation provient de Facebook (77 % des Canadiens sont de cet avis), suivi du gouvernement russe (73 %), des partis politiques activistes (72 %) et des politiciens (67 %).

Ainsi, bien que nous constatons que les politiciens en font la promotion, nous leur demandons du même souffle, à tous les paliers de gouvernement, d’aider à combattre la désinformation. Huit Canadiens sur 10 croient qu’un palier gouvernemental ou un autre doit prendre la responsabilité de combattre la désinformation, 82 % d’entre eux croient que les politiciens devraient résoudre cette question et 83 % s’attendent à ce que le Premier ministre lui-même s’en charge. Même si nous croyons que le gouvernement et les politiciens devraient enrayer la désinformation, force est d’admettre que jusqu’à maintenant, ils font piètre figure. À peine 22 % des Canadiens trouvent que les politiciens contrent efficacement la désinformation. Les Canadiens sont aussi d’avis que nos médias et nos journalistes devraient combattre la désinformation, mais pas plus de la moitié des répondants canadiens ne mentionnent qu’ils font du bon travail. Fait intéressant, le groupe qui combat le mieux la désinformation est celui qu’on appelle « les gens comme moi ». La moitié (51 %) de la population canadienne croit que ce groupe se débrouille bien dans sa lutte contre la désinformation.

C’est là le dilemme auquel nous sommes confrontés. Une des sources auxquelles nous accordons le plus de confiance, ce sont « les gens comme moi ».  Ce groupe est aussi celui qui combat la désinformation. Malheureusement, ça signifie que nous nous trouvons en « circuit fermé » et que la mésinformation peut se répandre encore plus vite et faire augmenter le potentiel de diffusion de désinformation.

Afin de démontrer ceci, nous avons posé des questions au sujet de l’efficacité du couvre-visage au cours de la pandémie. La plupart des Canadiens (66 %) croient que la désinformation peut faire en sorte que la pandémie se prolonge, mais ce qui constitue ou non de la désinformation est objet de controverse. La plupart des Canadiens (68 %) sont d’accord avec l’énoncé selon lequel « le port du masque prévient la propagation de la COVID-19 ». En même temps, 22 % des Canadiens sont d’avis que « le port du masque ne prévient pas la propagation de la COVID-19 ». En examinant une série de questions portant sur la COVID, nous constatons une polarisation des résultats selon les régions du Canada et l’affiliation à des partis politiques. Ainsi, même en l’absence de polarisation quant aux croyances politiques et aux effets découlant des décisions politiques constatés aux États-Unis, nous observons des différences régionales et politiques importantes ici, au Canada. À l’échelle locale, nous écoutons et faisons confiance à « des gens comme moi »; toutefois, « les gens comme moi » pourraient ne pas être la meilleure source.

Quand ils sont confrontés à de la désinformation, la plupart des Canadiens (76 %) sont au moins un peu confiants de pouvoir identifier la désinformation, mais seulement 19 pour cent se disent très confiants de pouvoir le faire. Peut-être est-ce pour cette raison qu’à peine 37 % des Canadiens ont l’impression que la désinformation peut être contrôlée.

Le but poursuivi par le contrôle de l’information commence par apprendre à la population à définir et à reconnaître la désinformation. Dre Tina McCorkindale, de l’IPR, a publié une liste de vérification de 10 moyens d’aider les gens à réduire la diffusion de la désinformation en réfléchissant avant de la partager :
 
  1. Qui est l’auteur ou la source
  2. La source est-elle à jour
  3. Qui a partagé la publication
  4. Le titre est-il représentatif du contenu
  5. Le message entraîne-t-il de la méfiance ou de la division
  1. Quelle impression me fait le message
  2. Quelles sont les preuves
  3. Est-ce que ça pourrait être un canular
  4. Est-ce que je l’ai vérifié
  5. Est-ce que je m’y connais suffisamment
 
J’encourage fortement les lecteurs à visiter le site www.instituteforpr.org afin d’y consulter les explications de chacun des points de cette liste. Ce sujet est primordial pour notre industrie. Nous devons nous assurer de ne pas transmettre de mésinformation pour ne pas aider ceux qui sèment la désinformation. Pour en savoir plus sur cette étude, visitez le site www.leger360.com ou le site www.instituteforpr.org  pour la version intégrale du rapport "La désinformation au Canada", qui sera publié au début décembre.